Comment Michael Jordan a inventé le personal branding moderne
- Charlotte quéverdo
- il y a 2 jours
- 3 min de lecture
Aujourd’hui, il est devenu banal de voir une star collaborer avec une marque pour créer des produits ou des enseignes à son image, avec à la clé des royalties sur les ventes. Mais l’un des pionniers dans ce domaine, c’est Michael Jordan.
En 1984, Nike signe avec lui un contrat qui va redéfinir la manière dont les athlètes, les artistes et les créateurs collaborent avec les marques et envisagent le licensing.
L’histoire
Nike, à cette époque, n’était pas la marque triomphante qu’on connaît aujourd’hui : ses ventes dans le basket étaient en chute libre, loin derrière Adidas et Converse, et la direction hésitait à investir sur un joueur encore inconnu du grand public.
Et Michael Jordan n’était qu’un rookie drafté, rêvant d’Adidas, sans aucune envie de signer avec Nike. Il portait d’ailleurs des Adidas à l’université.
La proposition folle de Nike
C’est Sonny Vaccaro, employé chez Nike, qui pressent le potentiel du jeune joueur et monte un pari fou : tout miser sur un seul athlète.
Une idée jugée absurde par beaucoup en interne, mais qui changera l’histoire du marketing sportif.
L’aspect le plus novateur du contrat vient de Deloris Jordan, la mère de Michael, qui a insisté pour que son fils touche une part sur chaque produit vendu. C’était une première à cette échelle : au lieu d’un simple salaire d’ambassadeur, Jordan percevait un pourcentage des ventes (royalties) sur la ligne Air Jordan.
Et Adidas dans tout ça
Malgré l’attraction de Jordan pour la marque, Adidas connaissait alors un contexte interne très compliqué. L’entreprise ne voulait ni construire une ligne dédiée à un joueur, ni verser des royalties sur les ventes : un modèle jugé trop risqué et trop éloigné de son fonctionnement traditionnel.
Ce manque d’audace a ouvert une brèche pour Nike
En misant sur la personnalisation, la prise de risque et le partage des revenus, la marque américaine a fait ce qu’aucun autre acteur n’avait osé faire : transformer un athlète en marque à part entière.
Le design produit de la ligne Air Jordan, lancée en 1985 devient un succès massif |
Nike espérait 3 millions de dollars de ventes en trois ans, et a réalisé bien plus. Ce partenariat a instauré un modèle : la marque donne le nom et l’image de la star, la star donne son identité, son influence et perçoit des revenus sur la durée.

Pourquoi c’est un tournant dans le personal branding / licence
Le contrat ne se limite pas à un simple endorssement (payer un sportif pour porter des produits) : il s’agit d’un droit d’exploitation de l’image et du nom, et d’un partage des revenu : c'est le personal branding.
Le produit (chaussure + accessoires) porte le nom de la star : Air Jordan devient une marque à part entière au sein de Nike.
Le modèle s’inscrit dans la durée : ce n’était pas une capsule limitée, mais une ligne pérenne qui devait vivre et évoluer.
Le succès commercial massif valide l’approche : il ne s’agit plus uniquement de performance sportive, mais d’un univers lifestyle, où la mode et la culture s’entremêlent.
Quel impact pour les marques d’aujourd’hui
Le personal branding peut devenir une marque produit autonome.
Une star ou un créateur peut percevoir des revenus au-delà de l’endossement, via un partage sur les ventes.
Le timing, la vision et la structure contractuelle comptent autant que la notoriété.
Ce modèle a inspiré tout un champ du licensing moderne : célébrités, artistes, influenceurs, marques de niche.
Ce qu’on peut en retenirLe partenariat Jordan x Nike nous rappelle qu’une idée audacieuse peut changer la trajectoire d’une marque à condition d’oser repenser les règles. C’est la preuve que la valeur d’une collaboration ne repose pas seulement sur la notoriété, mais sur la cohérence entre identité, vision et modèle économique. Une approche encore plus vraie aujourd’hui, à l’heure où les marques cherchent à créer du sens et de l’attachement autant que du chiffre.
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