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Les clés pour comprendre les comportements des jeunes consommateurs en 2023

Quelle place pour les écrans ? Quel est le rôle des modèles éducatifs ?

Retrouvez l'interview de Dephine Quelin de chez Junior City par Nathalie Chouraqui-Gerson lors du dernier salon Cobrandz.



NCG : Bonjour Delphine, merci d’ouvrir l’édition 2023 de Cobrandz.


J’ai souhaité commencer par un sujet qui nous préoccupe à plusieurs moments de notre vie, professionnellement d'abord, quel est l’avenir de notre business? Mais également en quel est l’avenir de nos enfants, à quelle sauce vont-ils être mangé? Le monde est en grande révolution, tout est remis en cause, il faut plus de diversités, plus d’inclusion, plus de respect, et moins d’agressions, moins de harcèlements mais les jeunes eux, comment se comportent-ils ?


Nous avons déjà eu l’occasion d’échanger sur le sujet du genre ensemble à l’occasion d’une émission de la web Tv Brands to be Alive, et tu as pu trouver un angle très positif en évoquant les ados (nés en 2010), cette cible si complexe a intégrer ces nouveaux codes tant sur le rapport humain que sur leurs pensées.


Chez Junior City, vous étudiez la cible de 0/14 ans depuis un « paquet » d’années, et vous voyez l’évolution de leur quotidien et surtout la modification des parents à les élever (ou oserais-je dire à les regarder s’élever !!). Si on parle des écrans par exemple, qu’en est-il de leur acceptation dans les foyers ?


DQ : Les écrans ont gagné en légitimité auprès des parents : ils ont fait « leurs preuves » pendant le Covid ! Outils de divertissement (jouer, regarder des vidéos/films/séries certes, mais aussi lire, cf la lecture numérique), d’apprentissage, de socialisation/d’échanges... Limiter le temps des écrans était jusqu’à récemment une préoccupation (et un combat !) majeur des parents. Une posture également de « bons parents ».


Adolescente allongée sur son lit, dans sa chambre, faisant ses devoirs devant un écran d'ordinateur
Adolescente devant un écran d'ordinateur

NCG : En même temps, les parents d’aujourd’hui ont été élevés avec la tv dans leur chambre… il y a une logique à ce qu’il ne remette pas tout en cause !


DQ : Aujourd’hui, ce n’est plus le temps passé qui préoccupe les parents, mais ce qui peut arriver à l’enfant sur le digital. Et on retrouve les mêmes craintes que dans la « vraie vie » : le harcèlement (crainte n°1, exprimée par 6 parents sur 10), suivi de près par les mauvaises rencontres (58%) et le risque d’être exposé à des contenus choquants, non adaptés (52%).

1 parent sur 2 exprime également des craintes quant à l’influence que pourraient avoir les influenceurs et influenceuses sur leur enfant.

Finalement, les sujets considérés comme intrinsèques au digital, tels que la désinformation/les fakes news, le risque de dépendance et d’isolement ou encore l’identité numérique pèsent peu dans les préoccupations parentales. Ils ont transposé les craintes qu’ils ont dans le monde réel dans celui du digital. Un peu comme si le digital était un prolongement, voire une caisse de résonnance du monde physique.


Au-delà de ces « warnings », la consommation et la place des écrans sont donc de mieux en mieux, et de plus en plus, intégrés par les parents.


On peut se dire que nous avons aujourd’hui affaire à une génération de parents elle-même hyperconnectée. Mais on peut aussi se demander dans quelle mesure les écrans n’entrent pas aujourd’hui à la fois dans les modes de vie des familles et dans les modèles éducatifs.


NCG : Mais c’est surprenant cette approche de surprotection, puisqu’en fait, ils ne les éduquent pas, ils ne les « plantent » pas un peu ?


DQ : On entend beaucoup parler des « enfants d’intérieur » ou encore « enfants d’appartement ». Il faudrait en fait parler de « familles d’intérieur » ! Un mode de vie resserré autour de la sphère domestique, à l’abri des dangers du monde extérieur. Il y a peut-être un repli sur soi, mais aussi de nouvelles habitudes de vie favorisées par des tas d’aspects : travailler à domicile, se faire livrer ses achats, consommer de la culture sur des plateformes, apprendre/se former de chez soi, pratiquer du sport…


Autant dire que les écrans trouvent toute leur légitimité dans ce mode de vie indoor…

Les écrans peuvent aussi s’inscrire dans un style éducatif. Je pense aux « parents hélicoptère » (ou encore « parents drone »). Une métaphore qui exprime l’idée de parents qui tournoient en permanence autour de leurs enfants. Ils pensent que les enfants évoluent dans un environnement plus dangereux qu’à leur époque. Ils surprotègent, ils contrôlent pour qu’il ne leur arrive rien de néfaste ni même de négatif. Un petit chiffre éloquent : 30% des parents d’ados de 13-14 ans utilisent un outil de tracking/géolocalisation de leur enfant. 19% chez les 11-12 ans,15% chez les 7-8 ans.


Autre anecdote : la zone « d’autonomie de l’enfant », au-delà de laquelle les parents se sentent insécurisés : elle était de 3km il y a 10 ans, elle est aujourd’hui de 300m !

Le phénomène de l’enfant d’intérieur se retrouve sans surprise dans les familles au style éducatif « parents hélicoptère » : un enfant ou un ado qui ne sort pas ou peu est un enfant ou un ado qui ne se met pas en danger. Et là aussi, les écrans trouvent toute leur place : ils permettent une ouverture sur le monde… chez soi.

NCG : Et c’est là que revient nos héros à destination première des enfants. Je trouve qu’il y a un retour sur le fait qu’il faut segmenter les contenus proposés aux enfants.


Je m’explique, Disney a « stretché » des marques comme Star Wars sur un large spectre d'âge. Et cela n’a pas forcément fonctionné sur la cible des plus jeunes car ce n’est pas leur univers. A part le sabre laser qu’on peut assimiler à l’épée de Dartagnan ou Zorro, tout est trop « compliqué » pour un jeune enfant.


Idem pour les Super héros, après avoir proposé tout le catalogue de DC ou Marvel, les seuls super héros qui s’en sortent aujourd’hui sur la cible des plus jeunes est Batman ou la Pat‘ Patrouille. Batman a adapté un contenu multi-cibles depuis le début. Même Spiderman ne déplace plus les foules sur les enfants.


Que penses tu de cela, quel est aujourd’hui le top des héros des 7/14 ans ?

DQ : Pour rebondir sur Spiderman, il est certes moins fort qu’avant, mais il reste important dans le cœur des 7-14 ans. C’est l’un des rares super-héros à avoir toutes les caractéristiques du héros « à la Bruno Bettelheim » : orphelin, maladroit, manque de confiance en lui, moqué voire harcelé, il doit affronter des obstacles pour grandir, il rencontre des auxiliaires (il n’est pas tout seul). Et quand il se transforme, il est l’adolescent fantasmé : sûr de lui (même assailli de doutes, il ose !), plein d’humour, populaire… Il y a du héros de manga et du Harry Potter chez Spiderman…


Chez les Preschool, c’est en effet sans conteste la Pat’Patrouille qui emporte tous les suffrages. Il n’y a que Barbie et (toujours !) la Reine des Neiges qui rivalisent avec elle chez les filles. Sans oublier Miraculous, présente dans le Top des filles dès l’âge preschool ! Et Ladybug devrait remonter en flèche avec la forte actualité de la propriété en 2023.


Dès 9 ans, chez les filles, c’est Harry Potter qui emporte leurs préférences. A 14 ans, c’est toujours le préféré !


Et chez les garçons, entre 9 et 14 ans également, il faut compter sur Naruto. Alors oui, les super-héros made in America ont perdu de leur hégémonie auprès des enfants et des ados, mais à mon sens, il s’agit plus d’un rééquilibrage des influences, d’une vraie mondialisation de la pop culture qui permet aujourd’hui à des productions japonaises, coréennes, françaises etc d’émerger et de remporter les suffrages auprès de la jeunesse.


👉 Retrouvez l'intégralité de cet interview de Delphine Quelin, de l'institut Junior City en direct du dernier salon Cobrandz dans notre chronique "Expert en live" sur notre chaine Brands to be Alive par Cobrandz



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